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Author:Mare Ionut Time:2024/09/11 Read: 6850

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https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/11/25/diego-maradona-le-dieu-du-ballon-rond-est-mort_6061111_3382.html

Champion du monde de football avec l’équipe d’Argentine en 1986, joueur à Barcelone puis à Naples, l’ancien numéro 10, aussi détesté qu’adulé, un temps le protégé de la mafia et cocaïnomane incurable, est mort mercredi à l’âge de 60 ans.

L’ombre vacillante d’un ancien champion de football pénètre dans le stade Juan-Carmelo-Zerillo de La Plata, au sud-est de Buenos Aires, ce vendredi 30 octobre 2020. Emmailloté dans un survêtement noir, le visage à moitié caché par un masque de la même couleur, Diego Maradona est venu assister au premier match, depuis sept mois, de l’équipe professionnelle dont il est l’entraîneur, le Gimnasia La Plata. C’est aussi le jour de son anniversaire. Dans un stade vide de supporteurs, Covid-19 oblige, mais où figurent des banderoles à sa gloire, une brève cérémonie, avec remise de trophées et embrassades, l’attend.

L’ombre du numéro dix

La pluie tombait, une pluie fine et persistante, comme les larmes d’un enfant qui pleure sans savoir pourquoi. Elle s’abattait sur le stade Juan-Carmelo-Zerillo, à La Plata, un lieu qui avait connu tant de cris, de rires, de chants, et qui aujourd’hui se tenait silencieux, vide, comme l’âme d’un homme qui a tout perdu.

Au milieu de la grisaille, un homme vêtu d’un survêtement noir, le visage dissimulé par un masque de la même couleur, se tenait à l’écart. C’était Diego Maradona, l’ancien numéro dix, le dieu du ballon rond, le champion du monde, l’enfant terrible, le rebelle, le génie, le démon. Il était là, sur ce terrain de football qui avait été son royaume, mais il ne ressemblait plus au roi que le monde avait connu.

Son visage, autrefois plein de vie, était marqué par le temps, les excès, les luttes intérieures. Ses yeux, autrefois brillants de malice et d’audace, portaient le poids de la tristesse, de la solitude, de la déception.

Il avait été l’enfant de la favela, celui qui avait brisé les barrières sociales grâce à son talent. Il avait porté l’espoir d’une nation sur ses épaules, donné à un peuple un rêve, un symbole d’espoir et de grandeur. Mais le succès l’avait corrompu, la gloire l’avait égaré.

Il avait connu les sommets du pouvoir, l’adoration des foules, la richesse et le luxe, mais aussi les abîmes du désespoir, la dépendance, le mépris, la trahison. Il avait été un saint et un démon, un ange et un diable, un héros et un paria.

Aujourd’hui, il était un homme brisé, un spectre d’un passé glorieux.

La cérémonie d’anniversaire, qui devait être une célébration de son génie, était devenue une sombre et silencieuse hommage à un homme qui avait perdu son âme. Il y avait des banderoles à sa gloire, mais elles semblaient froides et creuses, comme des paroles d’un adieu tardif.

Le stade, vide de supporters, était un symbole de la solitude qui le hantait. La pluie qui tombait sans relâche était un reflet de son chagrin, de son repentir, de son impuissance.

Il était seul, comme une étoile filante qui avait brûlé trop vite et trop fort.

Diego Maradona, l’enfant de la favela, le champion du monde, le dieu du ballon rond, était une âme perdue, à la recherche d’un destin qu’il avait lui-même détruit.