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Lorsque je prends les feuillets de l’autre auteur

Author:unloginuser Time:2024/10/17 Read: 1732

Lorsque je prends les feuillets de l’autre auteur pour expliquer le choix que j’ai fait de ses paragraphes je m’aperçois que mes mains tremblent. j’espere que les autres ne percevront pas mon trouble car je suis encore sous le coup de mes incertitudes et de ce qui s’est passe avant

Le papier craquait sous mes doigts, les mots de l’autre auteur s’étalant devant moi comme une accusation. Je tentais de justifier mon choix, d’expliquer pourquoi ces paragraphes, et non d’autres, étaient les plus pertinents. Mais mes mains tremblaient, trahissant mon malaise profond.

“Pourquoi ce choix ?” avait demandé la professeure, son regard perçant me fixant.

Je ne voulais pas montrer mon trouble, dissimuler ce qui s’était passé avant, ce qui avait nourri mes incertitudes. Pourtant, l’étau se resserrait, mon secret s’échappait par les pores de ma peau.

C’était il y a quelques jours, dans la bibliothèque, un lieu de paix qui s’était transformé en scène de chaos. J’avais trouvé l’autre auteur, le visage pâle, les yeux exorbités, son stylo gisant sur le sol, à côté d’un mot griffonné sur un bout de papier : “volé.”

Une panique glaciale m’avait parcouru les veines. Un mot volé ? Quel mot ? Mes yeux avaient parcouru ses pages, scrutant chaque ligne, chaque phrase, jusqu’à ce que mon regard se pose sur une phrase qui me fit tressaillir : “Le secret se cache dans les mots.”

Je n’avais pas volé de mot, du moins pas consciemment. J’avais pris son stylo, oui, mais pour l’emprunter, pour écrire un mot qui me manquait, un mot que je voulais lui rendre. Un mot qui lui avait échappé, un mot qu’il avait oublié.

Mais il était persuadé qu’on lui avait volé un mot, un mot important, un mot qui faisait la différence. Et je me suis retrouvé, prisonnier de son accusation silencieuse, de son regard accusateur.

Maintenant, devant la professeure, mes mains tremblaient encore. Le secret pesait lourd sur mes épaules. Je voulais l’avouer, tout avouer, mais j’avais peur. Peur de son jugement, peur de la colère de l’autre auteur.

“Je… je l’ai choisi parce qu’il…” ma voix se brisa, mes paroles s’emmêlèrent.

La professeure attendait, ses yeux perçants ne me quittant pas. J’ai regardé ses yeux, puis ses lèvres, puis ses mains, puis les pages de l’autre auteur, puis le stylo gisant sur le sol, puis le mot griffonné sur le bout de papier.

J’ai respiré profondément, et j’ai décidé de tout dire.

“Je l’ai choisi parce qu’il a oublié le mot qui faisait la différence.”

J’ai regardé l’autre auteur, son visage marqué par le désespoir et la peur, puis j’ai regardé la professeure, son visage immobile, impassible.

Le silence est devenu lourd, presque étouffant.

Et puis, la professeure a souri. Un sourire étrange, mais apaisant.

“C’est bien, ” dit-elle. “C’est bien.”

J’ai soupiré, soulagé, et j’ai remis les feuilles de l’autre auteur, sentant enfin une certaine paix intérieure. Le secret était dévoilé, et j’avais retrouvé mon calme. Mais le mot volé, le mot qui faisait la différence, celui que j’avais oublié, allait me poursuivre encore longtemps.